« Construire l’université européenne de demain est un défi stimulant »

Quel a été votre parcours ?

Isabelle Kratz : Diplômée de l'École nationale des chartes, mon parcours d’archiviste paléographe m'a amenée ces dernières années à évoluer dans le milieu de la formation et de la recherche. En tant qu’historienne et conservatrice de bibliothèque, j’ai travaillé au service des publics étudiants et enseignants. J’ai notamment dirigé la bibliothèque universitaire de l'ancienne Université Pierre et Marie Curie, avant de prendre la tête de la bibliothèque de l'École polytechnique fédérale de Lausanne durant huit ans où j’ai développé une expertise autour de l’open science.

Concrètement, 4EU+ à Sorbonne Université, c’est quoi ?

I. K. : 4EU+ permet d’étendre l’horizon d’action de tous les membres de la communauté universitaire. Grâce à 4EU+, un étudiant pourra se joindre à des cours développés conjointement par plusieurs partenaires. Il bénéficiera de possibilités de mobilité physique ou virtuelle chez les autres membres de l’Alliance. Les enseignants-chercheurs auront l’opportunité de développer avec leurs collègues de 4EU+, des cours communs. Ils pourront partir enseigner dans les universités partenaires et confronter leurs approches pédagogiques.

Pour les personnels de Sorbonne Université, 4EU+ est l’occasion de découvrir d’autres cultures et méthodes de travail dans les six universités de l’Alliance. Cette communauté scientifique internationale constitue enfin un formidable réservoir naturel de partenariats pour les chercheurs issus des six universités permettant de soumettre ensemble des projets nationaux ou européens.

Pourquoi avez-vous choisi d’occuper la fonction de secrétaire générale de 4EU+ ?

I. K. : J’ai débord eu, en septembre 2020, l'opportunité de prendre la coordination opérationnelle du projet d’université européenne 4EU+, avant de postuler en novembre dernier au poste de secrétaire générale. Ayant des racines françaises et allemandes, j’ai toujours été intéressée, du fait de mon histoire personnelle, par les projets européens. J'ai par ailleurs exercé, en tant que conservatrice de bibliothèque, un métier qui porte naturellement aux actions coopératives, notamment  internationales. 4EU+ était donc pour moi une occasion rêvée d’apporter une pierre à la construction de l’espace de formation, de recherche et d’innovation européen en travaillant aux côtés des collègues de six pays.

Quel premier bilan tirez-vous des premières années d’existence de l’Alliance ?

I. K. : Nous sommes passés d'une collaboration étroite à une vraie construction commune d'une université européenne partageant les mêmes valeurs pour la formation et la recherche : la liberté académique, l’accès à la formation universitaire pour tous, le multiculturalisme, la volonté d'ouverture ou encore l’intérêt commun pour les enjeux sociétaux actuels. Depuis sa création, 4EU+ a mis en place une structure, une gouvernance et plusieurs groupes de travail qui réunissent l’expertise de chaque institution. Cette alliance n'est pas juste un accord de coopération, mais une structure dynamique qui ne cesse d’avancer.  

Quel impact a eu la pandémie sur l’Alliance ?

I. K. : Malgré le retard qu’elle a engendré sur certains projets, la pandémie a, d'une certaine manière, permis de mettre en valeur les forces communes de nos six universités : la capacité d'adaptation, la forte réactivité et le souci de l'étudiant. Elle a aussi été l’occasion d'accélérer le développement de projets prévus dans le cadre de 4EU+ comme la préparation d’un campus virtuel et la mise en place de cours communs flexibles et innovants, en ligne. Enfin, elle a permis aux institutions de resserrer leurs liens à travers une certaine forme de solidarité afin que nos projets puissent continuer à avancer malgré les difficultés liées à la crise sanitaire.

Quelle sera votre mission au sein de cette alliance ?

I. K. : Avec mon équipe, j’ai pour mission d'assurer le bon fonctionnement quotidien de 4EU+ et d’apporter un appui à la gouvernance de l'Alliance en termes fonctionnels, opérationnels et stratégiques. Nous devons mettre en synergie les forces de tous les partenaires afin que les coopérations soient les plus productives possibles.

À l’extérieur, mon rôle est de représenter 4EU+ auprès des instances internationales, à commencer par la Commission européenne et ses services, mais aussi des autres alliances universitaires dont les objectifs pourraient se rapprocher des nôtres. Les universités européennes sont une priorité dans l'agenda de la Commission européenne. Il y a donc tout lieu d'affirmer notre place et l'influence que nous pouvons avoir sur les décisions stratégiques et les orientations qui seront définies par l’Europe dans le domaine de la recherche et de la formation.

Quelles perspectives envisagez-vous pour la suite ?

I. K. : Parce que 4EU+ rassemble des universités d'excellence, nous souhaitons, en plus des projets de formation déjà en cours, développer des coopérations et des synergies du côté de la recherche. Nous allons par ailleurs continuer à renforcer l'identité de la communauté 4EU+, en proposant des opportunités de mobilité à toute la communauté universitaire.   Nous souhaitons également augmenter la visibilité de l’Alliance auprès de nos communautés locales et au-delà. Enfin, notre objectif est que cette université européenne puisse se structurer et se financer de façon pérenne avec un soutien national et européen.

Quel message souhaitez-vous faire passer à la communauté de Sorbonne Université ?

I. K. : 4EU+ offre de formidables opportunités pour tous les membres Sorbonne Université. Participer à une recherche européenne de pointe, à la formation des futurs citoyens européens, à la construction de l’université internationale de demain est un défi stimulant pour chacun. C’est pourquoi j’invite tous ceux qui sont intéressés par les perspectives qu’offre l’Alliance en termes de formation, de recherche ou de mobilité, à contacter l’équipe 4EU à Sorbonne Université.