L'optogénétique : un espoir face à la cécité
L'optogénétique : un espoir face à la cécité
  • Recherche

L'optogénétique : un espoir face à la cécité

Des chercheurs et cliniciens de l’Institut de la Vision, du Centre Hospitalier National des Quinze-Vingts, de l’Institut d’ophtalmologie de Bâle et de la start-up GenSight Biologics ont réalisé une première mondiale : redonner partiellement la vue à un homme aveugle grâce à une thérapie innovante, l’optogénétique.

Déjà employée depuis une vingtaine d’années en neurosciences, cette technique est, pour la première fois, utilisée chez l’homme avec succès, sous l'impulsion de José-Alain Sahel, fondateur de l'Institut de la Vision.

Le premier patient ayant bénéficié de cet essai thérapeutique, publié le 24 mai 2021 dans la revue Nature Medicine, est un homme atteint d’une maladie génétique dégénérative : la rétinopathie pigmentaire. Comme pour près d’une personne sur 3 500, cette pathologie a progressivement détruit les photorécepteurs de sa rétine jusqu’à le rendre aveugle. Seules cellules de l’œil à pouvoir être activées par la lumière, les photorécepteurs sont à l’origine de la traduction des stimuli lumineux en informations visuelles. Sans eux, il nous serait impossible de voir le monde qui nous entoure.

La thérapie optogénétique développée pour cet essai consiste à compenser la disparition de ces photorécepteurs, en rendant sensibles à la lumière d’autres cellules de la rétine : les cellules ganglionnaires. Les chercheurs ont, pour cela, utilisé une protéine d’algue photosensible appelée opsine. « A l’aide d’un virus inactivé, nous avons introduit dans les cellules ganglionnaires le code génétique qui porte les instructions pour fabriquer cette protéine, explique Deniz Dalkara, biologiste moléculaire à l’Institut de la Vision, qui travaille depuis plus de dix ans sur le développement de ce procédé. « J’ai mis au point ce vecteur viral durant mon postdoc à Berkeley avant de l’implémenter, à l’Institut de la Vision, dans plusieurs modèles animaux jusqu’au patient humain. Concrètement, poursuit-elle, nous avons utilisé un virus non pathogène pour l’être humain (le virus adéno-associé) que nous avons modifié pour qu’il infecte spécifiquement la rétine. Puis, nous y avons introduit toutes les informations génétiques nécessaires à la bonne expression de la protéine afin qu'elles puissent être lues et traduites efficacement par les cellules ganglionnaires ».

Grâce à ce nouveau patrimoine génétique, les cellules ganglionnaires vont alors pouvoir fabriquer l’opsine d’algue. Mais contrairement à nos photorécepteurs naturels, cette protéine n’est pas suffisamment sensible pour produire une image à partir de la lumière ordinaire. Elle détecte une lumière ambrée à de fortes intensités. C’est pourquoi l’entreprise GenSight Biologics a mis au point des lunettes à réalité augmentée, qui enregistrent des informations visuelles d’une scène avant de les transformer en images monochromes. Ces images sont ensuite projetées à forte intensité sur la rétine du patient.

Patient aveugle traité par optogénétique

Le patient aveugle traité par optogénétique est parvenu à distinguer des objets sur une table, grâce à des lunettes à réalité augmentée. © J.-A. Sahel et al./Nature Medecine

« Avec cette thérapie génique qui reste au niveau cellulaire, on peut espérer obtenir une résolution plus proche de la vision normale qu’avec d'autres stratégies, comme la rétine artificielle », ajoute Isabelle Audo, professeure en ophtalmologie à Sorbonne Université, chercheuse à l'Institut de la Vision et investigatrice principale de cette étude. Un espoir que partage Grégory Gauvain, maître de conférences en neurosciences à Sorbonne Université, en charge, depuis 2016, des tests précliniques de cet essai à l’Institut de la Vision. « Nous avons travaillé sur des modèles proches de l’être humain pour caractériser l’activation par optogénétique des cellules ganglionnaires et estimer au mieux la dose nécessaire pour avoir une expression correcte de la protéine, explique le neuroscientifique. Nous avons aussi cherché à définir le niveau d’intensité lumineuse suffisant pour activer l’opsine. Toutes ces données précliniques ont servi aux équipes de GenSight Biologics pour le développement des lunettes. Elles ont également permis de démontrer l'efficacité de notre stratégie pour passer en phase clinique. »

Des résultats très encourageants

« Grâce à cette thérapie optogénétique, nous avons vu dans nos essais que l'on pouvait espérer obtenir une acuité visuelle allant jusqu’à 1/10 – ce qui correspond aux plus grosses lettres dans l'échelle d'acuité visuelle », poursuit Grégory Gauvain. « Ce serait révolutionnaire, ajoute Isabelle Audo, car jusqu'alors les stratégies n'envisageaient jamais d’atteindre ce niveau d'acuité. Mais il faut désormais vérifier cette hypothèse préclinique dans la pratique. »

En attendant d’autres résultats, les tests fonctionnels réalisés au Centre de référence des maladies rares des Quinze-Vingts et au sein de la plateforme Streetlab de l'Institut de la Vision semblent confirmer les attentes des chercheurs : sept mois après l'injection du vecteur viral et après avoir été formé à l'utilisation des lunettes, le premier patient de cet essai clinique a acquis la capacité de percevoir, localiser, compter et toucher des objets de différentes tailles lorsque son œil était stimulé avec les lunettes. Les scientifiques ont aussi vérifié, via des mesures d’électroencéphalographie que lorsque les lunettes envoyaient un signal à la rétine, le cortex visuel entrait bien en activité. « Cette thérapie ne va pas changer de manière radicale le quotidien de ce patient, confie Isabelle Audo. Mais elle va lui apporter une vision monochrome contrastée lui permettant de reconnaitre des objets sur un fond blanc ou les zébras d’un passage piéton, par exemple ».

D’autres patients ont déjà intégré cet essai destiné, en premier lieu, à évaluer l'innocuité et la tolérance du traitement. Quinze personnes ayant perdu leurs photorécepteurs de la rétine sont pressenties dans cette étude multicentrique à Pittsburg, Londres et Paris. Divisés en trois cohortes, ils recevront une dose différente du vecteur viral. « Le premier patient a eu la dose la plus faible de virus, explique Isabelle Audo. Nous pouvons penser que ceux qui recevront une dose plus forte auront probablement plus de cellules ganglionnaires photosensibles et verront peut-être plus précisément les contrastes ». Si le traitement est bien toléré, les prochains essais pourront être élargis à des patients qui voient les mouvements et, à terme, à des personnes souffrant de dégénérescence maculaire liée à l’âge.  

D’autres pistes thérapeutiques en cours

Mais les chercheurs de l’Institut de la Vision ne comptent pas en rester là et se penchent déjà sur le développement de nouvelles stratégies thérapeutiques. Pour obtenir une meilleure acuité, Deniz Dalkara parie notamment sur la restauration de l’activité des photorécepteurs eux-mêmes. Elle espère également mettre au point un procédé qui permette aux patients bénéficiant de la thérapie optogénétique de ne pas avoir besoin de porter de lunettes. Elle travaille, pour cela, depuis plusieurs années sur d’autres protéines photosensibles et a fondé une startup sur ce projet.
 
Grégory Gauvain et son équipe cherchent, quant à eux, à développer cette même approche optogénétique non plus au niveau de la rétine, mais directement dans le cortex visuel. Un véritable challenge qui nécessite d’abord de comprendre la façon dont le cerveau interprète le monde et comment sont encodées les stimulations visuelles à toutes les étapes allant de l’œil au cortex. De quoi redonner une lueur d’espoir pour des millions de patients plongés dans le noir.


 

Une thérapie pour rendre la vue

Comment Serge Picaud va changer le monde

Préparer ma rentrée 2023-2024

Retrouvez toutes les étapes pour bien préparer votre rentrée, du dépôt de vos candidatures jusqu'au début de votre année universitaire.

Préparer ma rentrée slider

Candidater en première année de licence sur Parcoursup

Les candidatures en licence s'effectuent sur la plateforme nationale en ligne Parcoursup. Retrouvez le calendrier ainsi que nos fiches conseil pour vous accompagner lors des différentes étapes de la procédure.

Candidater en première année de master

Les candidatures en master s'effectuent à partir de cette année sur la plateforme nationale en ligne Mon Master. Retrouvez toutes les étapes à suivre pour effectuer vos recherches et candidater aux formations qui vous intéressent.

candidater première année de master


Quand nous nous sommes réveillés

Par Luba Jurgenson

Nuit du 24 février 2022 : invasion de l'Ukraine

La ville des enfants

Par Sophie Corbillé

Fantasmagorie du capital dans un parc d'attractions globalisé

Graduate

25 000

Étudiantes et étudiants

193

Parcours de licence

192

Parcours de master

13

Sites et campus

Formations

Découvrez toute notre offre de formation

Médecine

La faculté de Médecine assure l’enseignement des 3 cycles d’études médicales : de la PASS (intégrée à la faculté) au 3e cycle incluant des DES, DESC, DU et DIU. Les enseignements sont dispensés principalement sur deux sites : Pitié-Salpêtrière et Saint-Antoine. La faculté dispense également des enseignements paramédicaux : l’orthophonie, la psychomotricité et l’orthoptie. Le site Saint-Antoine intègre une école de sage-femme.

Etudier à | la faculté de Médecine

La diversité des étudiants et de leurs parcours est l’une de nos richesses. Sorbonne Université s’engage pour la réussite de chacun de ses étudiants et leur propose une large offre de formations ainsi qu’un accompagnement adapté à leur profil et à leur projet.

La vie associative

La diversité des étudiants et de leurs parcours est l’une de nos richesses. Sorbonne Université s’engage pour la réussite de chacun de ses étudiants.

21 393

usagers

17 527

étudiants

715

hospitalo-universitaires

12

centres de recherche

Chiffres-clés


Découvrir les dernières parutions

Toutes les parutions

Dans les pas de Jonas

Par Serge Uzan

L’algorithme de Jonas

Dupuytren

Par /Sous la direction de Julie Cheminaud et de Claire Crignon

Ou le musée des maladies

Sexe et violences

Par Danièle Tritsch, Jean Mariani

Comment le cerveau peut tout changer

Les extraordinaires pouvoirs du ventre

Par Harry Sokol

Un fabuleux voyage à la découverte des pouvoirs de notre microbiote.

Le Grand Livre des pratiques psychomotrices

Par Anne Vachez-Gatecel, Aude Valentin-Lefranc

La Psychomotricité

Par Françoise Giromini-Mercier, Suzanne Robert-Ouvray, Cécile Pavot-Lemoine, Anne Vachez-Gatecel

Apologie de la discrétion

Par Lionel Naccache

Comment faire partie du monde ?

Le Grand Livre des pratiques psychomotrices

Par Anne Vachez-Gatecel, Aude Valentin-Lefranc

Fondements, domaines d'application, formation et recherche

Je marche donc je pense

Par Roger-Pol Droit et Yves Agid

La recherche en temps d'épidémie

Par Patrice Debré

Du sida au Covid, histoire de l'ANRS

Neurosciences cognitives

Par / Sous la direction de Mehdi Khamassi

La médecin

Par Karine Lacombe, Fiamma Luzzati

Une infectiologue au temps du corona

Le Cinéma intérieur

Par Lionel Naccache

Projection privée au cœur de la conscience

Des formations riches et exigeantes

La faculté accompagne plus de 20 000 étudiantes et étudiants vers le monde professionnel grâce à une très large offre de formations adossées à la recherche, disciplinaires et interdisciplinaires, afin de répondre à tous les défis, scientifiques, technologiques et sociétaux.

Son cycle d’intégration pluridisciplinaire et son dispositif majeure-mineure en licence, ses 80 parcours de masters, ses formations internationales, ses cursus en apprentissage et son offre de formation continue permettent de proposer des parcours riches et exigeants, adaptés aux projets de chacun, nourris par les recherches de ses enseignantes-chercheuses, enseignants-chercheurs, chercheurs et chercheuses.

Recherche

Couvrant tous les champs de la connaissance en sciences et ingénierie, la Faculté des Sciences et Ingénierie soutient la recherche au cœur des disciplines, la recherche aux interfaces, le développement de partenariat avec les entreprises, et favorise l'émergence de nouvelles thématiques pour répondre aux grands enjeux  du XXIe siècle.

La vie à | la Faculté des Sciences et Ingénierie

Que ce soit sur le campus Pierre et Marie Curie, ou dans ses trois stations biologiques, à Banyuls, Roscoff et Villefranche, la Faculté des Sciences et Ingénierie constitue à la fois un lieu d'enseignement, de recherche et d'épanouissement intellectuel, où cours, conférences, colloques, congrès, expositions et autres manifestations scientifiques rythment la vie de ses étudiants et de ses personnels.

La vie associative à la faculté des Sciences et Ingénierie

Vie associative

Découvrez la vie associative de la Faculté des Sciences et Ingénierie.



Les mondes de Saturne

Par Sébastien Charnoz, Sandrine Vinatier, Sandrine Guerlet, Alice Le Gall

Les mystères de Saturne révélés !

Du Laboratoire Arago à l'Observatoire océanologique de Banyuls

Par / Sous la direction de Guy Jacques et de Yves Desdevises

Une épopée humaine et scientifique

Stem Cell Biology and Regenerative Medicine

Par Charles Durand & Pierre Charbord

River Publishers Series in Biotechnology and Medical Technology Forum